Contes Chevêches

par
Oscar Dassetto

Le Grand Théâtre du Monde

28 août 2014

TEMPESTA Antonio (1555-1630), La Création du monde, vers 1600, gravure, 12,22 × 12,86 cm, Los Angeles, Los Angeles County Museum of Art

Quand l’été s’achève, les rayons du soleil, éclatant sur les feuilles mouillées par la sève, se muent en mélancolie tendre, nourrie par la lumière changeante qui rase les cimes à la tombée du jour. Les fortes chaleurs s’estompent petit à petit et cèdent leur empire oppressant à des brises plus douces qui annoncent l’automne.

Toutes les bêtes pressentent que c’en est fini de cette parenthèse suspendue, fini de la lumière zénithale et de l’étuve sous la canopée dense.

On retrouve enfin, partagé entre le soulagement et la résignation, le rythme des journées. Aux nuits rafraîchissantes qui succédaient aux jours abrutissants se substituent des soirs mauves et tièdes, des nuits douces, des matins orange et glaçants, des midis bruns dans un ciel effacé, des après-midi que l’on voit passer sans tristesse.

C’est la fin d’un répit et le retour aux temps normaux dont l’écoulement est égal. C’est le retour au mouvement qui succède à l’apogée immobile.

Après la trêve, voilà qu’il faut de nouveau penser à la paix et à la guerre, se soucier du sort permanent de sa progéniture, s’inquiéter du pain quotidien. Toute sorte d’ennuis qu’on a cru disparus avec l’été, à cause de son illusion figée, mais qui se dégagent de leur torpeur.

Difficile de savoir ce qu’il va advenir, car arrive le temps du renouveau et des changements. Tous ignorent de quoi seront faits les prochains mois ; ils ignorent même s’ils seront encore là.

Voilà un temps pour flâner, profiter des rayons glissant sur la verdure, s’arrêter à l’ombre d’un tronc monumental et contempler le grand théâtre du monde qui se remet à marcher.